La chorale éphémère : chantez, chantez sinon nous sommes perdus !
Première création participative portée par le Cube, la « chorale éphémère » est une initiative de la compagnie normande Comme sur des roulettes programmée dans le cadre de la saison 23/24 du Centre Culturel. Autour de son concert « Débuts, ou comment je suis devenue musicienne », dans lequel ils revisitent des morceaux de leur jeunesse qui les ont inspirés (de Kate Bush à Murray Head en passant par Barbara et Björk), la chanteuse Annette Banneville et les musiciens Samuel Belhomme et Bernard Cochin ont embarqué près de 60 choristes amateurs dans une aventure artistique et humaine originale et joyeuse.
Lancé en juin 2023, l’appel à participation relayé sur les supports de communication et par les partenaires du Cube a merveilleusement fonctionné puisque les deux créneaux d’ateliers proposés ont rapidement affiché complet. Lors de la première rencontre avec Annette, le jeudi 21 septembre, une cinquantaine de personnes se sont présentées après une inscription par mail ou téléphone. Pour faire partie de cette chorale éphémère, aucun pré-requis n’était demandé, seulement l’envie de chanter et la motivation de suivre les différentes répétitions avec pour finalité de se produire sur la scène du Cube le 26 janvier lors du concert du trio de jazz normand.
C’est donc un mélange de divers profils très différents qui se rencontrent lors du premier atelier le 28 septembre : spectateurs fidèles du Cube, élèves de l’école de musique intercommunale, membres d’autres chorales associatives locales mais aussi chanteurs et chanteuses de salle de bain qui voient dans ce projet l’opportunité d’enfin oser se lancer dans une expérience de pratique vocale collective. Après avoir rappelé au groupe les objectifs et les différentes étapes du projet, Annette invite les participants, assis en cercle dans la salle Tutti de l’école de musique, à se présenter. Cochant chaque personne méticuleusement inscrite sur son tableau Excel, elle annote le document à la main avec des petits détails physiques lui permettant de mieux retenir le prénom de chacun-e. Puis vient le moment du choix des chansons, que l’artiste avait anticipé en demandant à chaque choriste de venir avec une proposition de morceau noté sur un petit bout de papier. A la question « quelle chanson a marqué votre jeunesse ? », quasiment autant de réponses que de participants...
Alors Annette, fait l’inventaire des idées sur un tableau blanc et c’est à la majorité que les décisions seront prises. Pour le premier groupe du moins, qui s’accorde vite sur trois morceaux : « Résiste » de France Gall, « La Bohème » de Charles Aznavour et « Nougayork » de Claude Nougaro. Pour le groupe du soir, la sélection sera plus laborieuse entre des choristes aux envies divergentes et des premiers choix de chansons trop difficiles à arranger et chanter pour un chœur. Qui a dit que la démocratie c’était facile ? Ce n’est donc qu’au deuxième atelier que le choix final est confirmé : ce sera « Le sud » de Nino Ferrer, « Tombé du ciel » de Jacques Higelin et « Joueur de blues » de Michel Jonasz. Un répertoire de chansons françaises et populaires appartenant à notre patrimoine musical commun donc qui semble finalement faire consensus alors que les ateliers s’enchaînent. L’important, c’est de partager de bons moments ensemble, de rencontrer de nouvelles personnes, et de profiter du plaisir de chanter à l’unisson. Quelques choristes rejoignent l’aventure en route, grâce au bouche à oreille, et au fur et à mesure des répétitions, les deux groupes s’apprivoisent, améliorent leur écoute et gagnent en justesse et en précision. Grâce au talent et à la personnalité chaleureuse de leur cheffe de chœur, les participants parviennent à combiner ambiance conviviale et travail d’une grande qualité en seulement 6 ateliers de 2h répartis entre fin septembre et fin janvier.
Une semaine avant la restitution du projet, Annette convie ses deux acolytes musiciens sur scène pour une grosse journée de répétition le samedi 20 janvier : 4h de répétition le matin pour le premier groupe, 4h l’après-midi pour le second et, entre deux, un repas partagé dans le hall du Cube. L’occasion pour tous les choristes de se retrouver pour un déjeuner festif qui se terminera bien sûr en chansons !
Enfin, le grand jour arrive et c’est l’effervescence côté coulisses au Cube. Des loges sont improvisées dans la salle du catering (cantine des artistes) mais aussi dans la salle de réunion voisine de Cinénacre. 60 choristes prêts à monter sur scène, ça prend de la place ! Après un dernier raccord sur le plateau avec les lumières et les micros, et une petite demi-heure de pause le temps d’avaler un sandwich tiré du sac ou de grignoter l’apéro préparé par l’équipe de Cube, les participants de cette chorale éphémère créée seulement 4 mois plus tôt prennent place dans la salle de spectacle. Du côté spectateurs d’abord, pour assister au concert qui a inspiré le projet puis du côté artistes, alors qu’Annette invite le premier groupe, puis le deuxième, à la rejoindre sur scène. Le stress est palpable chez certains choristes, peu habitués à chanter dans des conditions professionnelles devant une salle pleine à craquer, mais le sourire et l’enthousiasme d’Annette suffisent à leur donner confiance. Après une très belle prestation, mêlant émotion, énergie et même quelques pas de danse, les deux groupes se rassemblent pour interpréter une dernière chanson commune, « L’été Indien » de Joe Dassin, bientôt rejoints par le public. Les sourires se lisent sur tous les visages et les spectateurs applaudissent vivement ces artistes d’un soir.
Pour terminer la soirée, Catherine, une choriste qui a secrètement organisé une cagnotte pour offrir un beau bouquet de fleurs à Annette, prend la parole au nom du groupe : « je me fais la porte-parole des échos des uns et des autres pour restituer nos impressions : un moment inoubliable de partage grâce à la bienveillance et la patience d’Annette. Chacun a pu trouver sa place en toute confiance et s’est senti capable de réussir. A nos difficultés d’amateurs, nous avons toujours été encouragés, jamais mis en défaut, et toujours avec une solution ou un petit exercice pour se corriger. Tout se faisait sans panique et dans la gaieté. Nous avons eu de très judicieux conseils, pour la concentration, la décontraction, la respiration, le placement de la voix. L’excellent souvenir de cette aventure c’est grâce à la pêche d’enfer qu’Annette sait transmettre ! ». Tout est dit ! Bravo aux choristes, merci aux artistes et vive les chorales éphémères !
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