Les seniors de « Dale recuerdos » en voyage près de Paris pour voir la dernière du spectacle !

Il est 6h15 et le soleil est à peine levé ce mercredi 30 avril 2025. Pourtant, les portes du Cube sont déjà ouvertes et Marcelle, 88 ans, est déjà debout depuis plusieurs heures alors que le taxi la dépose sur le parvis. Marcelle, c’est la doyenne des seniors qui ont participé au spectacle « Dale recuerdos (je pense à vous) » en novembre dernier avec la Cie des Hommes. Depuis la fin de l’aventure, les participants sont restés en contact et se retrouvent régulièrement au Cube pour prendre des nouvelles les uns des autres et imaginer une suite possible à donner à ce projet qui les a profondément marqués. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés très tôt ce mercredi matin pour partir voir la 41ème mais aussi dernière édition de ce spectacle, puisque le metteur en scène Didier Ruiz a annoncé son futur départ en retraite et donc la fin de ses projets artistiques.

Grâce au partenariat avec le Centre socio-culturel ADAJ et le prêt de deux minibus du club de foot et de la ville de Douvres, c’est un groupe de 12 personnes qui prend la route en direction de Chevilly-Larue. Il fait particulièrement beau en ce dernier jour d’avril et les pauses sur les aires de repos ont des airs de vacances d’été...  Après quelques séances de papotage (et de sieste !) pendant le trajet, nous arrivons enfin au Centre Culturel André Malraux. Nous sommes accueillis par les salariées du théâtre et Emilie, la chargée de diffusion de la Cie des Hommes, qui étaient au courant de notre venue mais pour le reste de l’équipe artistique, c’est une véritable surprise de nous voir débarquer ! Il est déjà 11h et la joie des retrouvailles laisse très vite la place à l’entrée en salle pour découvrir l'ultime représentation de « Dale recuerdos » (je pense à vous). Nous nous installons dans le public principalement constitué d'adolescents venus dans le cadre scolaire.

5 mois jour pour jour après être montés sur la scène du Cube, les 6 participants à la 40ème édition présents ce jour-là (Roland, Jacques, Agnès, Marie-Aline, Hassan et Marcelle) se retrouvent dans le public pour découvrir les 6 participants de la 41ème édition. La mise en scène est toujours la même : une série de chaises face aux spectateurs, un diaporama de photos en noir et blanc qui ouvre et clôture la représentation, une succession de prises de paroles, parfois debout, parfois assis ponctuées par des berceuses, des objets personnels ou encore des listes de noms. Les hésitations, les fragilités, les diverses émotions traversées, les silences : on retrouve tout ce qui fait la singularité de cette proposition artistique. Et même si chaque récit est différent, les parallèles et l’effet miroir qui se dessinent entre les histoires des uns et des autres sont troublants.

A l’issue d’un rapide bord de scène, la Cie des Hommes nous fait la surprise de monter au plateau pour un « impromptu » préparé à l’occasion de la dernière du spectacle. Après avoir mis en scène des centaines de retraités depuis la création de « Dale recuerdos », le metteur en scène Didier Ruiz met fin à cette aventure de 25 ans avec celles et ceux qui l’ont accompagnée (techniciens, personnel administratif, photographe...). En reprenant les codes de la scénographie caractéristique du spectacle, chaque membre de l’équipe partage alors un souvenir mémorable : des anecdotes drôles comme celle de Thierry Vu Huu, assistant à la mise en scène, qui raconte comment il s’est retrouvé à devoir aller chercher en Vespa une participante coincée dans les grèves de transport juste avant de monter sur scène mais aussi des rencontres bouleversantes qui nous rappellent que la richesse de ce projet se trouvait aussi bien sur scène que dans les liens humains développés en coulisses...

C’est d’ailleurs dans cet esprit de partage et de convivialité que nous terminerons cette virée au théâtre de Chevilly-Larue. Réunissant les participants des 39ème (Athis-Mons), 40ème (Douvres-la-Délivrande) et 41ème éditions de « Dale recuerdos » (Chevilly-Larue), la Cie des Hommes et l’équipe du théâtre accueillent une trentaine de personnes autour d’un repas partagé riche en sourires et en discussions. On se régale avec la teurgoule maison d’Agnès, on réécoute l’histoire des vestiaires de rugby de Marcelle, on chante, on rigole, on parle du passé et de l’avenir, on se croirait presque dans un repas de famille alors même que la plupart des gens viennent de se rencontrer.

C’était ça la magie du travail de la Cie des Hommes : parvenir en si peu de temps à créer du lien entre des inconnus, mettre en lumière la simplicité et l’authenticité des récits de vie d’anonymes, toucher de manière naïve mais sincère la part d’humanité en chacun de nous et laisser une empreinte durable à travers une expérience éphémère...